Chez Dame Chlodyne

Blog d'une passionnée d'enluminure médiévale et de calligraphie latine.

3/24/2010

Dame Chlodyne au pied d'une cascade dans l'ain




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3/18/2010

Objets de la Reconstitution Historique

Pour compléter le précédent article publié hier, j'aimerais partager avec vous une réflexion sur la prise de vue de personnages de reconstitution historique et la composition de l'image à travers quelques objets d'évocation médiévale.

Sur les clichés pris à l'Ile Barbe par une belle journée ensoleillée, la dame chlodyne en question fait semblant d'écrire ou bien encore a le regard pensif tandis qu'elle tient un livre à la main. Ceci afin d'évoquer l'écriture ou la lecture. Tout tourne autour du livre. Pour cela, cinq objets composent les images : le galimard et l'encrier portatif, la plume d'oie, la page enluminée, le livre relié à l'aumonière.

Tout est diposé à même le sol. Je pense qu'il faut un tissu ; je viens d'en acheté un vert chartreux en simili peau de chamois. J'en voulais un clair pour faire ressortir les objets, notamment mon encrier noir. En revanche, je ne voulais pas un tissu blanc qui fait trop nappe, mais une couleur qui pouvait symboliser une couleur de sol que l'on voit sur les enluminures.

Pour ce qui est des objets qui peuvent composer une image, je pense ensuite au coffret, plus ou moins grand ou bien plus ou moins long. Viennent après deux outils broyage de couleurs : les mortiers (un grand en laiton, un petit en porphyre et un en bois) et la plaque de granit avec sa molette. Les motiers pouvaient être utilisés dans la nature aussi, si les plantes étaient sauvages ou bien cultivées dans un champ éloigné de l'officine. C'est en tout cas mon intime conviction. Peut-être avait-on aussi besoin de la pierre à broyer (petra, lapide, porphyre, marmore dans les textes) pour préparer quelques couleurs et les enfermer dans des vessies de porc.
Notons ces quelques mots du chapitre 1 des Arts des Romains d'Herclius où il est dit que des fleurs sont ramassées dans les champs et broyées de retour au logis.
Celui qui souhaite convertir des fleurs dans les diverses couleurs doit errer dans les champs (segetes) tôt le matin il y "trouvera" (ortuque) diverses fleurs fraîches (recentes). Qu'il se hâte de les cueillir et quand il est en la "maison" (domus) qu'il prenne garde de ne pas les mélanger, mais le laisser faire ce que cet art exige à savoir moudre ces fleurs sur une pierre lisse et moudre le gypse brute ce qui permet de sécher et de conserver ainsi la couleur [...].

Ces segetes, comment pouvons-nous nous les représenter ? Des champs de maïs simplement bordés de bleuets et de coquelicots comme ceux utiles au scribe et à l'enlumineur. Ou bien fau-il voir des champs cultivés de plantes tinctoriales ? Je penche pour cette solution car pour fournir un atelier ou un scriptorium en couleurs végétales, la quantité de matière doit être assez considérable. Quant au domus, pour qu'il soit ainsi souligné, c'est que le champ devait être assez éloigné de l'atelier. Et selon cet éloignement, la nécessité de broyer les plantes fraîches pouvaient plus ou moins se faire sentir. Autre précision, les mêmes plantes sont cueillies ensemble et il faut faire attention de ne pas mélanger les espèces entre elles. Celà peut aussi souligner le fait que le nombre de fleurs est important. Enfin et pour terminer l'hypothèse que des plantes pouvaient être travaillées sur le lieu de la récolte, on utilise une pierre à broyer et non pas un mortier, pour extraire le jus. Ce jus est tout de suite imbibé par de la gypse ce qui permet une conservation immédiate ! Et donc parfaite pour le transport !! C'est beaucoup plus pratique de transporter des couleurs en coquillage ou dans des petits sacs que de transporter des centaines de fleurs.

Cette réflexion est à méditer. Maintenant, dans le cadre des mentalités de l'homme médiéval, un tel travail sur place est-il possible ?

Autres objets à emmener, les tablettes de cire pour écrire au brouillon ou encore mieux si nous sommes au XVème siècle pour dessiner et croquer la nature, les chateaux ou autres demeures.



3/17/2010

Dame Chlodyne à l'Ile Barbe

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3/10/2010

Un outil du scribe oublié ...

Le Stylet


Tout le monde connait le mot stylo mais quel est son sens au moyen âge ?

Le style ou stylet désignait le nom d'un poinçon de fer ou d'os terminé par une lame plate et large. La pointe servait à écrire sur la cire des tablettes et la surface plate à effacer le tracé. On écrivait aussi avecdes stylets de bois ou d'argent.

Renseignons-nous un peu plus sur ce style (stilus en latin). Jean de Garlande, un auteur d'origine anglaise écrit au XIIIème siècle en France, le Dictionarius metricus (avec des mots rares souvent glosés en langues vernaculaires). Au chapitre 16, il est question d'un marchand, institor qui vend des couteaux et des stylets exposés devant lui.
Dans une des notes de son article, La première description des métiers de Paris : le Dictionarius de Jean de Garlande (vers 1220-1230), Frédérique Lachaud signale que ce genre de marchands pouvait correspondre à cette définition : « Chascun mercier vendant mercerie, qui tient estal ou qui met a terre ou tablette portant devant lui... ». Ainsi nous apprenons que les stylets peuvent se vendrent avec les cannivets et autres couteaux à pain et aussi des fourreaux.

Le stilus, nous dit A. Scheler dans sa Lexicographie, est un greffe (grafes), un poinçon pour écrire. Le stilarium est un étui à greffes, dit aussi greffier (grafier).

Voici quelques extraits en ancien français qui mentionnent le greffe :

"Les enfans qu'il avoit enseignié, l'ocidrent à grefes et à aleignes." (Nostris Grefe. Vitæ SS. Mss. ex Cod. 28. S. Vict. Paris. fol. 29. v°. col. 2. ubi de S. Felice).
Aleigne, alesne devenue alène : ce mot désigne d'abord un stylet puis vers 1200 un poinçon pour coudre le cuir employé par les cordonniers.
[à  noter dans Du Cange : stilus vel baculus studentis. ]

J'ai table, grefes et greffiers
Dont ge reçois de bons deniers,
De cez clercs de bones maailles.
Les Dits du mercier vers 1320.
Les uns se prennent à escrire
De greffes en tables de cire
Les autres suivent la coustume
De fourmer lettres a la plume
Et paignent dessus les peaux
Et de moutons et de veaux.
Poésie L'Orologe de la mort, vers 1376

Sur l'étui possible du stilus, on relèvera la citation de l'Inventaire de Charles V par Victor Gay dans son Glossaire archéologique :

"Un estuy ouvré de cuir fauve pendant à un laz à 2 petit boutons de perle et dans iceluy estuy a un petit greffe d'or tors." (vers 1380).

Sur la valeur des tablettes et d'un greffe, l'Argenterie de la Reine nous renseigne :

"A Jehan Bault, mercier, suivant la Cour, pour unes tablètes de bois blanc à escripre garnies de greffe, 5 s. t. " (vers 1455).


Ceci est pour ce qui concerne l'écriture.


Voyons maintenant ce que nous dit l'italien Cennino Cennini dans son Livre de l'art sur le style :

"Prends un style d'argent ou de laiton ou de n'importe quoi, pourvu que les pointes soient en argent fines comme il convient, polies et belles." Il était utilisé pour dessiner ou faire une esquisse sur un parchemin recouvert de poudre d'os et épousseté avec une patte de lièvre. Et plus loin : "Tu peux aussi, sans os, dessiner sur parchein, avec un style de plomb, c'est-à-dire fait de deux parties de plomb et d'une d'étain, bien battues au marteau."

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