Chez Dame Chlodyne

Blog d'une passionnée d'enluminure médiévale et de calligraphie latine.

7/31/2009

Les sources iconographiques des ampoules

Voici quelques extraits d'enluminures glanées sur le site de la Mandragore (bibliothèque Nationale de France). On y voit des récipients, notamment des ampoules de verre dans l'atelier de scribes et d'enlumineurs à la fin du Moyen Age.

bnf latin 287 f.1 Ampoule de verre et boîte ronde à couvercle que l'on trouve chez les apothicaires

bnf latin 4915 f.1
Deux ampoules, l'une à large col et court, l'autre à col moyen et fin. Cette dernière, celle de droite sur l'image, a des filets sur la panse.

bnf espagnol 36 f.90
Ici, une ampoule de verre contenant un liquide rouge (à gauche), un gobelet à filets qui contient aussi un liquide rouge (au centre) et un récipient en verre à anse et large goulot (à droite).
Danièle Foy dans son ouvrage Le Verre médiéval et son artisanat en France méditerranéenne a indiqué que la hauteur du col des ampoules rapetississent au XIVème siècle. La hauteur de ces récipients pouvaient être en moyenne d'une douzaine de centimètres (p.193).

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7/30/2009

Une ampoule de verre du IIème siècle en Syrie

Lecoy de la Marche parle d'ampoules de verre à col court. J'ai trouvé sur le net une ampoule orientale de ce type datant du deuxième siècle :

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7/23/2009

Les récipients des officines des enlumineurs

Voici les récipients qui composaient l'officine laïque de l'enlumineur. Ils ont été décrits par Lecoy de la Marche, dans un article sur le De Arte Illuminandi. Des fourneaux allumés Des réservoirs pour la cendre, pour la chaux, pour le plâtre pour la terre de jardin des plaques de marbre des mortier de pierre des vases des bocaux Les mortiers et les tables sur lesquelles sont broyées les couleurs ou les substances colorantes : porphyre, pierre, marbre, mortier de marbre, mortier d'airain (cuivre et étain). Des godets contenant chacun une couleur différente où l'on fait les mélanges du dernier moment, où l'on puise directement avec son pinceau. petits sachets de parchemin des coquille naturelles des flacons bouchés contiennent des enduits, des bitumes, des acides, des sels. Ils sont en verre et en forme d'ampoule, cad qu'ils ont un cou large et court. Certains sont en terre cuite vernissée pour aller sur le feu. Bassins de terre cuite vernissée écuelles de terre cuite vernissée les cornues servent à distiller ou à conserver les préparations chimiques, certaines sont en verre d'autres en corne couvercles en terre cuite mis sur les vases au feu briques creuses pour faire sécher certains amalgames urnes de pierre pour recueillir et garder l'eau de pluie bassins de laiton pour faire le noir de fumée des vases servant uniquement de mesures pour les liquides les poids mis dans le plateau de sa balance sont l'once et le drachme (un huitième d'once)

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7/21/2009

Recettes de couleurs

Le Rouge de brésil
On utilise le bois de brésil pour teindre et pour peindre. Le Moyen Age l'importe des Indes et de Ceylan. On l'appelle bois de brésil, en raison de sa couleur de braise. On mélange le rouge de brésil avec de l'ocre jaune ou avec des bleus comme l'indigo et le lapis lazuli. On obtient un rouge, avec du blanc un rose pâle. Pour faire un rouge rosé, on passe le brésil sur du vermillon et on atténue ainsi la nuance orangée de cette couleur. On peut aussi ajouter du blanc à un mélange de brésil et de vermillon, cela donne des tons carmins plus ou moins clairs. L'apparition des laques de brésil en Occident remonte au moins au XIIème siècle. Le rouge de brésil supplante peu à peu le sandragon, le folium et les orseilles. Comme les épices, les pierres et les tissus pécieux, le brésil et d'autres matières tinctoriales d'Orient telles que l'indigo suivaient les routes commerciales jusqu'à Alexandrie, Byzance, Chypre et la petite Arménie. Le manuscrit de Montpellier dit que le bois de brésil venait d'Alexandrie.
Dans le Livre des Divers Arts de Montpellier (ms 277 de l'Ecole de médecine, XIVème siècle), l'auteur donne trois types de recettes pour faire du rouge de brésil.
1) avec de l'urine
2) avec du blanc d'oeuf et de l'eau gommée
3) avec de la chaux et de l'urine
1) on laisse macérer durant un jour et une nuit, les râclures du bois de brésil dans de l'urine dans un coquillage, conca [je suppose qu'il s'agit d'une coquille saint Jacques mais Jean-Pierre Rose, dans son mémoire de maîtrise où il a traduit en français les recettes, parle de cuvette]. Le lendemain, on ajoute de l'alun et on laisse reposer un jour. On filtre. On laisse sécher et ce qui se trouve au fond de conca, on le détrempe avec de la gomme ou du bland d'euf ou de la colle tiède.
2) on fait un mélange, dans un coquillage, coclea [J.-P. Rose traduit par une coupelle], de râclures de bois de brésil avec du blanc d'oeuf et de l'eau gommée (deux fois plus de blanc d'oeuf que d'eau gommée + de l'eau, moitié moins que l'eau gommée) et un grain de pois chiche d'alun. L'auteur de la recette ne dit pas combien de temps il faut laisser infuser.
3) On mêle de la chaux fraîche à de l'urine dans un petit pot adapté à cet usage, apto vasculo. On ajoute ce mélange au bois de brésil et on laisse reposer le tout pendant une demi-heure au moins. On verse ensuite le rouge de brésil sur du blanc d'Apulie, on ajoute un peu d'alun, du kermès préalablement délayé dans de la gomme arabique [n'ayant pas de kermès, on pourrait essayer avec la cochenille ?!] ce qui rougira la couleur. Le tout une fois séché se conservera des années.
Voici l'une des recettes en français que Jehan Lebègue ajoute au XVème siècle dans ses Librii colorum : 334. A faire couleur de roses vermeilles.— Raez bresil en un vaissel de terre plomme et y metez de lorine et aussi pouldre dalun, et le laissiez une nuit reposer, et a landemain le mettez sur les charbons sans flambe, et le faites tres bien boulir une onde ou deux, puis lostez du feu et mettez avec un pou de chaux vive en pouldre, et mellez tres bien ensamble, et ostez le cler, et mettez lespez secher pour garder et pour en ouvrez quant est besoing.
Le manuscrit de Le Bègue recense une vingtaine de recettes de laques de brésil. La recette suivante décrit un procédé pour faire un rose, procédé que nous n'avons pas encore vu.Il s'agit d'une extraction avec de la lessive (cendres filtrées avec de l'eau).On prend une lessive forte faite de cendres de être que l'on fait bouillir que l'on verse ensuite sur le bois de brésil dans une écuelle de terre vernissée, scutella terre vitreata. On laisse reposer une heure. On mélange ensuite des coquilles d'oeuf pilées avec de l'alun de roche auxquels on incorpore la lessive rougie par le brésil. (résumé issu de la traduction d'Inès Villela-Petit, Têchne n°4).
Le manuscrit Sloane 1754, Le Livre des couleurs pour l'enluminure et la peinture donne une longue recette pour transformer le bois de brésil. Il faut faire macérer le bois tinctorial dans un pot, vase avec du glaire d'oeuf. On ajoute de l'alun et quand la liqueur est saturée on la réserve dans une coquille, quoquilla.
Les formules divergent sur la couleur que l'on voulait obtenir. On peut avoir soit une laque rose opaque dite rosa ou rosetta à laquelle on a ajouté du blanc de plomb ou un blanc calcaire. On pouvait aussi obtenir de rouges et rouges violacés transparents qui servaient en glacis.
Bibliographie Article en ligne de l'IRHT sur le bois de brésil employé en enluminure

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7/13/2009

Une autre couvrure de livre

Madone au Chanoine Georges van der Paele
Voici encore une liseuse peinte par le célèbre Van Eyck.

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7/11/2009

L'Art au temps des rois maudits

Philippe le Bel et ses fils
Voici l'objet que j'ai remporté sur ebay. Je l'ai feuilleté en bibliothèque et il y a de nombreuses pages consacrées à l'enluminure. Le texte est rédigé par François Avril. J'ai hâte de recevoir ce catalogue d'exposition (en vente sur le net mais hors de prix).

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7/09/2009

Reproduction de Saint Luc

Le saint patron des peintres
J'aime beaucoup cette photo (elle a été prise en novembre 2007 à Loire sur Rhône au Carrefour des Arts). J'y reproduis un Saint Luc dont le modèle se trouve sur la base de données Digital Scriptorium. On peut y trouver des photos en haute résolution. Ce qui est pratique lorsqu'on veut la faire imprimé d'après la clé usb (comme il est possible de le faire à Bureau Vallée).

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7/04/2009

Les récipients des enlumineurs (suite)

Dans les Experimenta de coloribus pro illuminando libro copiées par Jean Lebègue en 1431, recettes transcrites et traduites par Mrs Merrifield pp.47-71, nous trouvons d'autres récipients utilisés pour fabriquer les couleurs. Ainsi l'on a : alembicum (alambique), olla (oule), ampulla (fiole), vas[e] (pot), scutella (écuelle), cornu (corne, cornet), conchilla (coquille d'huître). Un peu plus loin dans le texte, on trouve dans les Experimenta diversa alia quam de coloribus (Mrs Merrifield pp. 97-111), nous trouvons quelques recettes de couleurs. On a noté les récipients suivants : mortario (mortier), scutella (écuelle), vase (pot), olla (oule), catino (creuset), fiola (fiole). Vient ensuite le manuscrit de Pierre d'Audemar, De Coloribus Faciendis (Mrs Merrifield pp.112-165). Voici les récipients : olla (oule), patella (assiette), catrasia (tamis), vas[e] (pot), vasculo (petit pot), bacino (bassin), mortariolo (petit mortier), scutella (écuelle), cornu (corne, cornet), ampulla (fiole), forulo (casier ?), pixide (pixide), testa (coquillage).

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7/03/2009

Des récipients pour les enlumineurs

J'ai la chance d'avoir quelques unes des publications des réceptaires médiévaux sur les couleurs. Ils ont été pendant longtemps mes livres de chevet. L'une des choses qui m'ai le plus marquée lorsque je lisais ces textes étaient les récipients. Pourquoi donc me direz-vous ? Parce que je me demandais comment j'allais bien pouvoir réaliser ces recettes et surtout dans quoi ? En effet, si le contenu du pot était important, le contenant n'était pas des moindre. Cet intérêt pour ces objets archéologiques, iconographiques ou textuels est donc né il y a quelques années. Je n'ai toujours pas élucidé ce grand mystère de fabrication. La difficulté première est de ce dire qu'il existe certainement un « régionalisme » tant pour la confection des couleurs que pour les récipients. D'un point de vue iconographique, j'ai une piste : le martyr de saint Prime qui a bu du plomb fondu. J'ai deux reproductions d'enluminures issues de Passionnaires des années 1200. En voici une image :

Le plomb était contenu dans des oules. Les réceptaires, eux aussi, parlent pour le minium (plomb cuit rougi), de oules. (Sur ces récipients voir un article précédent).
D'autres récipients sont mentionnés dans le manuscrit de Montpellier, le Liber Diversarum Artium (XIVème siècle) : vase (pot), ampulla (fiole), olla (oule), conc[h]a (coquillage), coclea (coquille), vasculo (petit pot), cornu (corne, cornet), coquela (pot de cuisine), mortario (mortier), pigmata (pot à couleurs), bacinar (bassin), cacabo (marmite), cuculla (?).
Nous trouvons là des récipients à l'usage des peintres tels qu'ils sont pour certains, représentés sur les enluminures. D'autres sont des ustensiles de cuisine ou de la vie quotidienne.

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Dictionnaire d'histoire de l'art du Moyen Age Occidental

Voici mon achat de la journée, ce dictionnaire d'histoire de l'art. Il est vraiment le livre que tout passionné d'art médiéval pouvait attendre. Je vous le recommande.